Pauli
Papae VI et Athenagorae Patriarchae Constantinopolitani
Declaratio communis
In
ultima Oecumenicae Synodi publica Sessione lecta ab Exc.mo P.D.
Ioanne Willebrands ab actis Secretariatus ad unitatem Christianorum
fovendam1.
- Pénétrés
de reconnaissance envers Dieu pour la faveur que, dans sa miséricorde,
il leur a fait de se rencontrer fraternellement aux lieux sacrés
où, par la mort et la résurrection du Seigneur
Jésus, a été consommé le mystère
de notre salut et, par l'effusion du Saint-Esprit, a été
donné naissance à l'Eglise, le pape Paul VI et
le patriarche Athénagoras Ier
n'ont pas perdu de vue le dessein qu'ils ont conçu dès
lors, chacun pour sa part, de ne rien omettre désormais
des gestes qu'inspire la charité et qui puissent faciliter
le développement des rapports fraternels ainsi amorcés
entre l'Eglise Catholique Romaine et l'Eglise Orthodoxe de Constantinople.
Ils sont persuadés de répondre ainsi à
l'appel de la grâce divine qui porte aujourd'hui l'Eglise
Catholique Romaine et l'Eglise Orthodoxe ainsi que tous les
chrétiens à surmonter leurs différends
afin d'être à nouveau « un » comme
le Seigneur Jésus l'a demandé pour eux à
son Père.
- Parmi
les obstacles qui se trouvent sur le chemin du développement
de ces rapports fraternels de confiance et d'estime, figure
le souvenir des décisions, actes et incidents pénibles,
qui ont abouti en 1054, à la sentence d'excommunication
portée contre le patriarche Michel Cérulaire et
deux autres personnalités par les légats du siège
romain, conduits par le cardinal Humbert, légats qui
furent eux-mêmes ensuite l'objet d'une sentence analogue
de la part du patriarche et du synode constantinopolitain.
- On
ne peut faire que ces événements n'aient pas été
ce qu'ils ont été dans cette période particulièrement
troublée de l'histoire. Mais aujourd'hui qu'un jugement
plus serein et plus équitable a été porté
sur eux, il importe de reconnaître les excès dont
ils ont été entachés et qui ont amené
ultérieurement des conséquences dépassant,
autant que nous pouvons en juger, les intentions et les prévisions
de leurs auteurs dont les censures portaient sur les personnes
visées et non sur les Eglises et n'entendaient pas rompre
la communion ecclésiastique entre les sièges de
Rome et de Constantinople.
- C'est
pourquoi le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras
Ier en son synode, certains
d'exprimer le désir commun de justice et le sentiment
unanime de charité de leurs fidèles et se rappelant
le précepte du Seigneur : «Quand tu présentes
ton offrande à l'autel, si là tu te souviens d'un
grief que ton frère a contre toi, laisse là ton
offrande devant l'autel et va d'abord te réconcilier
avec ton frère»,2
déclarent d'un commun accord:
a)
regretter les paroles offensantes, les reproches sans fondement,
et les gestes condamnables qui, de part et d'autre, ont marqué
ou accompagné les tristes événements
de cette époque;
b) regretter également et enlever de la mémoire
et du milieu de l'Eglise les sentences d'excommunication
qui les ont suivis, et dont le souvenir opère jusqu'à
nos jours comme un obstacle au rapprochement dans la charité,
et les vouer à l'oubli;
c) déplorer, enfin, les fâcheux précédents
et les événements ultérieurs qui, sous
l'influence de divers facteurs, parmi lesquels l'incompréhension
et la méfiance mutuelles, ont finalement conduit
à la rupture effective de la communion ecclésiastique.
- Ce
geste de justice et de pardon réciproque, le pape Paul
VI et le patriarche Athénagoras Ier avec son synode sont
conscients qu'il ne peut suffire à mettre fin aux différends,
anciens ou plus récents, qui subsistent entre l'Eglise
Catholique Romaine et l'Eglise Orthodoxe et qui, par l'action
de l'Esprit-Saint, seront surmontés grâce à
la purification des curs, au regret des torts historiques
ainsi qu'à une volonté efficace de parvenir à
une intelligence et une expression commune de la foi apostolique
et de ses exigences.
En accomplissant ce geste, cependant, ils
espèrent qu'il sera agréé de Dieu, prompt
à nous pardonner lorsque nous nous pardonnons les uns
les autres, et apprécié par le monde chrétien
tout entier, mais surtout par l'ensemble de l'Eglise Catholique
Romaine et l'Eglise Orthodoxe comme l'expression d'une sincère
volonté réciproque de réconciliation et
comme une invitation à poursuivre, dans un esprit de
confiance, d'estime et de charité mutuelles, le dialogue
qui les amènera, Dieu aidant, à vivre de nouveau,
pour le plus grand bien des âmes et l'avènement
du règne de Dieu, dans la pleine communion de foi, de
concorde fraternelle et de vie sacramentelle qui exista entre
elles au cours de premier millénaire de la vie de l'Eglise.
7 décembre 1965
[Acta
Apostolicae Sedis 58, 1 (1966) 20-21]
ENDNOTES
-
Déclaration
commune du pape Paul VI et du patriarche Athénagoras
exprimant leur décision d'enlever de la mémoire
et du milieu de l'Eglise les sentences d'excommunication de
l'année 1054. Cette déclaration commune fut lue
dans la session solennelle du IIème concile
du Vatican par Monseigneur Jean Willebrands. En même temps,
elle était lue par le secrétaire du saint synode,
dans la cathédrale du Phanar.
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